Alors même qu'une équipe de radioamateurs polonais vient de réaliser, le 8 décembre dernier, une remarquable performance en captant le signal émis en CW de la balise spatiale japonaise ARTSAT-2 distante de notre bonne vieille terre de 2.316.759 km , comment ne pas évoqué en ce jour anniversaire celle réalisée par le physicien italien Guglielmo Marconi en 1901 effectuant la première "communication sans fil" entre le vieux continent et le nouveau monde.
L'antenne de Poldhu après la tempête du 17/09/1901 |
L'ambition de Marconi en ce début du XXeme siècle était de démontrer qu'une communication sans fil était réalisable sur une grande distance. Il conçut un plan pour installer deux stations, une de chaque côté de l'Atlantique, pour effectuer sa démonstration et montrer ainsi que des liaisons bidirectionnelles pouvaient être établies par un autre moyen que les câbles sous-marins.
A l'est il s’installa à Poldhu, au sud-ouest des Cornouailles en Angleterre. Il y implanta un émetteur de forte puissance et un système d'antennes composé de 20 mats d'une hauteur de 61 mètres chacun, disposés en cercle d'un diamètre de 11 mètres. Malheureusement celui-ci fut détruit par la tempête du 17 septembre 1901. Mais l'homme était tenace et plein de ressources. Il mis en place un nouvel aérien composé d'une soixantaine de fils espacés d'un mètre, suspendus à un support tendu entre deux mats de 45.7 mètres de haut chacun et regroupés à leur base, donnant à celui-ci une forme d'éventail relié à un émetteur à étincelles à deux étages. La fréquence utilisée pour cette démonstration n'est pas connue avec précision car Marconi resta silencieux sur le sujet. Cependant, en 1903, au cours d'une conférence il déclara que l'expérience fut réalisée sur une longueur d'onde de 304,8 mètres (984 kHz). En 1909 il cite une longueur d'onde de 365,8 mètres (820 kHz). Dans un enregistrement de 1930, il évoquera une longueur d'ondes de 1800 mètre (166 kHz) et une puissance de 15 kW.
M. Marconi (à gauche sur la photo) assiste à la préparation de l'antenne cerf-volant à Signal Hills. |
A l'ouest, il s'implanta d'abord à Cape Code au Massachusetts. Mais là encore les conditions météorologiques eurent raison de son antenne circulaire. Devant ces difficultés il décida de déplacer sa station plus au nord près de Saint Jean de Terre Neuve au Canada. Il investit la tour Cabot à Signal Hills, un ancien hôpital désaffecté. En ce mois de décembre, les vents étaient violents et l'éjection de mats était périlleuse. Marconi assisté de Mrs Paget et Kemp utilisèrent des ballons et des cerfs-volants pour dresser leur antenne de réception. Un télégramme fut envoyé à Poldhu demandant de transmettre la lettre S en morse entre 11 heures 30 et 15 heures 30. Plusieurs tentatives furent nécessaires pour arriver au but au cours desquelles les ballons et cerfs-volants furent détruits sans compter les difficultés à régler le matériel de réception.
Mais en ce jour du 12 décembre 1901, vers 12 h 30....laissons la parole à Marconi:
" J'ai placé un écouteur sur l'une de mes oreilles et j'ai écouté, racontait-il. Le récepteur qui se trouvait devant moi sur la table était très rudimentaire... Le temps était venu de mettre à l'épreuve toutes mes intuitions. " ...." Soudain, on entendit l'appareil émettre un petit bruit et je tendis l'oreille. Il n'y avait plus de doute, les trois petits crépitements que je venais d'entendre étaient trois signaux. "
Il tendit alors l'écouteur de téléphone relié au cohéreur de limailles à un de ses collaborateurs en lui demandant:" Entendez-vous quelque chose M. Kenp ? " . Ce dernier hocha la tête de haut en bas confirmant ainsi que le signal reçu était trois petits points. La lettre S avait ainsi traversée l'Atlantique par les ondes pour la première fois.
Nous pouvons cependant nous interroger sur la réalité ou non de cette première liaison transatlantique. Si la fréquence utilisée se situait effectivement dans une bande comprise entre 200 kHz et 1.000 kHz, le créneau horaire choisit était le plus défavorable compte tenu que l'intégralité du trajet s'effectua de jour, même si les conditions de propagation étaient au maximum. Un autre point d'interrogation porte sur les systèmes d'antennes en particulier celui de l'émetteur de Poldhu, certaines études indiquant qu'ils n'étaient pas accordés pour rayonner sur ces fréquences. Il est difficile de croire que le signal aient été reçu à Signall Hills. L'équipement de réception était constitué d'un long fil non accordé couplé à un récepteur ne comportant aucun système d'amplification. Le détecteur utilisé par celui-ci était moins sensible, avec des performances aléatoires, en comparaison avec le détecteur à barrettes de Fessenden conçut à la même époque.
Que Marconi ait entendu ou pas les trois tit tit tit ne revêt pas une grande importance à ce moment de l'histoire. Ses déclarations d'alors reposent uniquement sur son intégrité et celles-ci ont lancé une compétition mondiale entre les scientifiques, les ingénieurs et les inventeurs de ce début de siècle. Elle a débouché sur une évolution spectaculaire des moyens de communications et aujourd'hui elle permet encore de s’émerveiller lorsque qu'une équipe de radioamateurs accroche une émission réalisée à plus de deux millions de kilomètres.
Ces quelques lignes pour saluer votre apport à la science. Merci Monsieur Marconi.
Merci de visite.
Richard
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