Nous nous sommes tous interrogés au moins une fois sur le devenir de notre passe-temps. Existera-t-il encore dans vingt, trente ou cinquante ans? Comment renouveler les effectifs ? Quelle évolution pour le radio amateurisme? Il suffit de lire les publications des sites associatifs et des blogs radioamateurs pour le constater. Le sujet est une préoccupation ,tout au moins dans le milieu radioamateur, plus ou moins importante selon les pays. Notre beau pays n'y échappe pas car sa population y est vieillissante, comme dans le reste de l'Europe d'ailleurs, et engendre bon nombre de discussions et de divisions, le pessimisme ambiant accentuant la chose.
La terre tourne, le monde avance et nous sommes bien obligés de suivre le mouvement à moins de vivre en marge de la société. C'est un peu comme lorsque nous sommes au volant de notre voiture, nous avançons, et même si nous ne prenons pas tous le même chemin pour nous rendre d'un point A à un point B, le but est d'arriver à ce dernier point. Mais cela n'empêche pas de jeter un coup d’œil dans le rétroviseur.
Je ne suis pas de ceux qui pense que la vie était mieux avant, loin de là. Le passé a certes le mérite d'exister mais nous ne pouvons pas y vivre, cependant nous pouvons en tirer quelques enseignements. Sans refaire l'histoire de la radio, souvenons-nous que la T.S.F est apparue à la fin du 19 éme siècle. Elle connuT un développement avec la première guerre mondiale résultant de travaux de scientifiques et d'inventeurs. La technologie évolua dans l'entre guerre et une activité industrielle et commerciale se développa autour de la radio : fabricants de composants, de matériel, presse spécialisée, négoce de poste....Le public découvrait la radiodiffusion mais les appareils de réception étaient encore rares et chers. A l'époque, bon nombre d'auditeurs assemblèrent leurs récepteurs. Il en était de même pour les radioamateurs.
La seconde guerre mondiale permit de réaliser un progrès considérable dans la conception du matériel radio des armées. Cette avancée se retrouva après la guerre dans les équipements civils. Le nombre d'auditeurs progressa fortement en raison d'une baisse des coup de fabrication, le poste de radio devenant un objet de plus en plus présent dans les foyers. Du côté radioamateurs, l'offre de composants électronique s'élargissait, la technique était vulgarisée par le biais de revues techniques, une partie de la jeunesse se passionnait pour cette nouvelle technologie et réalisait des montages.
La majorité des radioamateurs des années 1950 avait soit une formation d'opérateur radio militaire ou de la marine marchande, soit de technicien radio civil ou militaire. Le service national fut, pour beaucoup d'entre nous, une période de découverte, des autres bien sur, de la vie en groupe, des valeurs mais aussi de la radio.Cela perdurera jusqu'au milieu des années 1970 - 1980.
Durant toutes ces années, la radiodiffusion, la presse écrite et les livres étaient les seuls vecteurs permettant aux gens de découvrir le monde sans voyager. Certain d'entre nous ont abordé leur passion en commençant par l'écoute des stations étrangères en ondes moyennes ou courtes, puis par la construction de petits récepteurs en kit. D'autres y sont arrivés parce que le Père Noêl leur avait apporté un coffret "découverte" leur permettant de réaliser des montages électroniques. Il faut cependant être objectif, la population radioamateur en France n'a jamais été importante. Entre 1945 et 1970, le nombre d'habitants dans notre pays est passé de 40 à 50 millions d'âmes, effet appelé aujourd'hui le "papy boom"....et nous étions moins de huit mille. Aujourd'hui nous sommes quatorze mille environ pour 66 millions d'habitants soit 0,2 %......
Cela nous ramène à la situation actuelle. Qu'elle est-elle? La société a évolué, les mentalités ont changé, le mode de vie s'est modifié. Il faut être réaliste, notre microcosme ne peut plus fonctionner selon des critères vieux de plus de quarante ans. Nous sommes dans une société de consommation, dans laquelle tout se vend, tout s'achète. L'individualisme s'est substitué à la vie en collectivité à un point tel que bien souvent nous ne connaissons même plus nos voisins. L'assistanat a remplacé l'entraide....
Sur le plan technologique, nous avons observé non pas des évolutions mais des révolutions. Le "papy boomer" que je suis est passé de la plume Sergent-Major au clavier de l'ordinateur pour écrire en moins d'un demi siècle.... et cela vaut dans tous les domaines : travail, transport, média, communication, loisir.... Si il y a cinquante ans le radio amateurisme était un des rares loisirs scientifique et technique, permettant, entre autre, de communiquer, il n'est plus le seul. Alors, quel avenir pour notre passion?
Je n'ai pas la réponse mais j'ai plein d'espoir dans l'avenir. Pour illustrer mes propos et parmi toutes les images disponibles j'ai choisi la voile, peut-être parce que la "Route du Rhum" vient de partir, sans doute parce qu'elle relie Saint Malo à Point-à-Pitre comme les ondes radio ont traversé l'Atlantique pour la première fois à l'époque de Marconi.
La marine à voile a été pendant des siècles l'unique moyen de relier les continents entre eux. Lorsque la propulsion par moteur, alimentée au charbon, est arrivée, tout le monde pensait que la marine à voile disparaissait à jamais. Que constatons-nous aujourd'hui? La voile a trouvé de nouveaux débouchés non pas seulement avec la navigation de plaisance, mais aussi avec des croisières sur certaines mers du globe. Elle donne lieu également à des épreuves sportives dans lesquelles participent des voiliers disposant d'une technologie d'avant-garde, réalisés par des équipes d'ingénieurs de haut niveau. D'autres passionnés rénovent des voiliers du passé, d'autres construisent le leur pour naviguer au gré du vent. Des activités bien différentes des unes des autres, certes, mais ayant un point commun, la voile, et pratiquées par des passionnés qu'ils soient regroupés au sein d'associations, de club ou en solitaire
Et bien, il en est de même pour le radio amateurisme. Les lampes ont été détrônées par les transistors, puis les circuits intégrés et autres nano-composants, ce qui n’empêchent pas des passionnés de rénover des anciens équipements et de les utiliser lors de liaisons avec d'autres OM. Les nouvelles technologies ne sont pas en reste, preuve en est de l'utilisation plus nombreuses d'équipements SDR. Il en est de même des modes de transmission : CW , BLU, RTTY, SSTV, PSK et autres modes numériques.Chacun à le choix. Dans la voile, il y a ceux qui font la course au large, ceux qui pratique le cabotage, ceux utilisant de grosses embarcations et ceux qui prennent tout autant de plaisir avec un dériveur. Comme chez nous : le trafic en DX, le QSO local, la HF, VHF, UHF, satellite, EME......Chacun à le choix.
Voilà pourquoi j'ai plein d'espoir dans l'avenir et dans l'homme. Il existera toujours des personnes motivées, des passionnés qui continueront de faire "chauffer les filaments", regroupés au sein d'associations ou en solitaire. Mais de grâce arrêtons ces querelles inutiles entre associations, ces divergences éternelles entre ceux qui pratiquent la CW et ceux qui ne la pratiquent pas, ceux qui croient être "de vrais OM" parce qu'ils construisent leurs équipements et ceux qui les achètent, ceux qui souhaitent réserver ce merveilleux passe-temps à une élite de techniciens chevronnés et ceux voudraient y avoir accès sans efforts, ceux qui pensent .......La liste est longue.
Pour conclure je vous livre cette citation de Jean-Jacques Ampère écrivain et historien du 19eme siècle (fils d'André-Marie Ampère physicien qui donné son nom à l'unité internationale de l'intensité du courant électrique) :
"L'avenir, c'est la foi de notre âge : c'est le flambeau du passé, l'étoile du présent."
Merci de votre visite.
Richard
73
Bonjour, je pense que dans votre article vous avez oubliez le radioamateurisme virtuel ( HamSphere, CQ 100 ) et Echolink. Ecouter les radios OC par WebSdr est pour moi aussi de la radio virtuelle. Merci et 73
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