Je me propose dans cette rubrique de vous présenter l’histoire des marques qui ont marqué le monde de la radio. Le sujet est vaste; il passe par le matériel radioamateur bien évidement, mais aussi par celui de la radiodiffusion et de la télévision et court sur plus d'un siècle...Dans le précédent article, j'ai évoqué Hallicrafters, marque de renommée mondiale. Aujourd'hui je vous invite à découvrir un autre grand nom : Hammarlund.
Oscar Hammarlund est né en 1861 à Stockholm, Suède. Après des études dans un collège technique où il gagna l'admiration de ses camarades de par son esprit inventif, il travailla chez L.M. Ericsson, fabricant français de matériel téléphonique, installé à Stockholm comme concepteur d'outils spéciaux et contrôleur des équipements électriques. Il fut débauché quelques temps après par Elgin Watch Co pour un poste similaire aux Etats-Unis et s'y installa en 1882. L'activité qu'il déploya et ses réalisations techniques attirèrent l'attention de la Western Electric Co et en 1886 il rejoignit cette entreprise en qualité de directeur de l'usine de Chicago. Six ans plus tard il rejoignit la Gray National Teleautograph Co pour participer au développement du téléautographe, l'ancêtre du télécopieur ou il côtoya Elisha Gray, le co-inventeur du téléphone, jusqu'en 1910.
Oscar Hammarlund (Wikipedia) |
Il créa alors sa propre affaire, la Hammarlund Manufacturing Co. pour mettre en force ses acquits dans le secteur de la transmission et développer ses idées. Durant neuf années, la firme développa un programme de recherches minutieuses dans ce domaine. Les projets élaborés devinrent une réalité en 1919. A partir de cette date, Hammarlund est à l'origine de nombreuses innovations qui seront utilisées durant de nombreuses années dans les récepteurs. Citons parmi celles-ci : le condensateur céramique multicouche, le condensateur variable, le premier cadran avec une bande étalée pour la bande amateur, l'oscillateur de battement de fréquence avec une face avant calibré en kc. Toutes ces innovations, plusieurs dizaines au total, seront incorporées au fur et à mesure sur les récepteurs de la marque qui donnera au final le fameux SP-600.
Hammarlund sera pendant de longues années une référence de qualité et de savoir faire pour les radioamateurs et écouteurs exigeants
A l'origine, l'entreprise s'est installée dans les combles d'un immeuble de Fulton Street dans l'arrondissement de Manhattan à New-York. Afin d'assurer du travail à sa petite équipe, la firme se lança dans une production très diversifiée et éloignée de son activité future. A titre d'exemple j'ai relevé un système d'alarme appelé " bango" qui consistait en une cartouche à blanc insérée dans une fenêtre et qui se déclenchait en cas d’effraction, une jauge de précision pour les bijoutiers, un dispositif de détection d'incendie pour l'habitat, une centrifugeuse pour laboratoire... et bien d'autres encore.
Le premier produit électronique sorti sous la marque fut un condensateur variable destiné à un fabricant de postes de radio. L'entreprise commença a être connue du grand public dans les années 1920 au cours desquelles elle fabriqua en plusieurs centaines de milliers la "Western Union Call Box". Installé dans tous les bureaux d'affaires, cette borne d'appel était relié au bureau le plus proche de la Western Union. Elle permettait, en tournant la manivelle, la venue d'un messager qui venait prendre le texte du télégramme à envoyer. Elle commercialisa aussi des commutateurs à lames et des prises de téléphone.
En 1925, Hammarlund s'associa avec un partenaire pour former la Hammarlund-Roberts Radio Kits. Les kits s'adressaient aux personnes souhaitant construire leur récepteur radio. Ils comprenaient les condensateurs, bobines et autres composants fabriqués par Hammarlund et étaient considérés par les amateurs comme des produits de haute qualité équivalents à une fabrication professionnelle. La commercialisation de kit s'arrêta en 1931.
En avril 1932, Hammarlund lança un récepteur superhétérodyne ondes courte couvrant de 1,200 kc à 20,000 kc en quatre gammes, le Comet-Pro. Il disposait de huit tubes et de deux bobines par bande. Produit innovant pour l'époque qui connu un succès mondial, il fut commercialisé à des milliers d'exemple dans le monde utilisé par les radios professionnels, les agences de presse, les stations de radiodiffusion et quelques radioamateurs "fortunés".
En mars 1936, après quatre années d'études et de mises au point, le premier modèle de la série Super-Pro fut mis sur le marché. Son référencement sous l'appellation SP-10 intervint ultérieurement lors de la sortie du SP-100. Le Super Pro comprenait deux étages d'amplification, un oscillateur à quartz utilisable en AM et CW, le réglage sur la face avant de l'oscillateur de battement de fréquence, un contrôle de gain automatique et une qualité sonore exceptionnelle. Deux versions existaient alors: la première couvrait de 1,250 kc à 20.000 kc et la seconde de 1,250 kc à 40.000 kc. Il nécessitait une alimentation séparée et un haut parleur extérieur. Cinq cents exemplaires furent fabriquer durant les neuf mois de sa production.
Le légendaire SP-600 fut introduit sur le marché en 1950. Vendu au prix de 1.000 US $ de l'époque, soit environ 6450 US $ ou 5.100 € en 2014 il était principalement destiné aux utilisations militaires et commerciales. La version standard couvrait une gamme de fréquence allant de 540 kc à 54.000 kc en six bandes et offrait la possibilité de sélectionner six fréquences par quartz en option. Une partie de la conception du SP-600 venait très certainement de l' Army Signal Corp qui en 1947 avait modifié des Super-Pro de la seconde guerre mondiale avec des oscillateurs à quartz à trois canaux. Quarante versions virent le jour dont la version VLF couvrant de 10 kc à 540 kc.
La plupart des versions utilisèrent un circuit superhétérodyne à double conversion de 20 tubes avec un cadran rotatif. Bien que disposant de deux cadrans il n'offrait pas l'étalement des bandes, le cadran de droite est une échelle permettant l'ajustement précis de la fréquence.La qualité sonore de ce récepteur était exceptionnelle pour un récepteur de ce type. Il fut produit à plusieurs milliers d'exemplaire dans les années 1950 et une petite production perdura pendant quelques années..
En 1956, Hammarlund mit sur le marché le HQ-100, récepteur à couverture générale avec étalement des bandes radioamateurs à un prix plus abordable pour l'amateur. Un HQ-110 fut également commercialisé, récepteur identique mais couvrant uniquement les bandes amateurs du 160 mètres au 10 mètres. Un autre modèle vit le jour, le HQ-145. C'était en fait une mise à niveau des modèles HQ-120/129/140/150 avec une double conversion au-dessus de 7 MHz mais qui conservera toutes les fonctions qui ont fait la réputation de la marque.Néanmoins, ce dernier connut un modeste succès, car la préférence des radioamateurs et des écouteurs allait au HQ-120 et 129.
Le premier modèle de la marque construit avec un circuit imprimé fut le PRO-310 en 1955. Il couvrait de 550 kHz à 35,5 MHz et bénéficiait d'une double conversion. Sa durée de vie courte et seulement un millier d'exemplaires sortiront de l'usine, la production s'arrêtant en juillet 1956.
En 1959, les récepteurs HQ-170 et HQ-180, récepteurs beaucoup plus sophistiqués que les précédents Le 180 avait une couverture générale et le 170 couvrait uniquement les bandes amateurs.Plusieurs années après la sortie de ces deux récepteurs, Hammarlund mit sur le marché un module destiné à être utilisé avec les anciens modèles pour permettre la réception des émissions en SSB.
Hammarlund sera pendant de longues années une référence de qualité et de savoir faire pour les radioamateurs et écouteurs exigeants
A l'origine, l'entreprise s'est installée dans les combles d'un immeuble de Fulton Street dans l'arrondissement de Manhattan à New-York. Afin d'assurer du travail à sa petite équipe, la firme se lança dans une production très diversifiée et éloignée de son activité future. A titre d'exemple j'ai relevé un système d'alarme appelé " bango" qui consistait en une cartouche à blanc insérée dans une fenêtre et qui se déclenchait en cas d’effraction, une jauge de précision pour les bijoutiers, un dispositif de détection d'incendie pour l'habitat, une centrifugeuse pour laboratoire... et bien d'autres encore.
Source : http://w1tp.com/im3000b.htm |
Le premier produit électronique sorti sous la marque fut un condensateur variable destiné à un fabricant de postes de radio. L'entreprise commença a être connue du grand public dans les années 1920 au cours desquelles elle fabriqua en plusieurs centaines de milliers la "Western Union Call Box". Installé dans tous les bureaux d'affaires, cette borne d'appel était relié au bureau le plus proche de la Western Union. Elle permettait, en tournant la manivelle, la venue d'un messager qui venait prendre le texte du télégramme à envoyer. Elle commercialisa aussi des commutateurs à lames et des prises de téléphone.
En 1925, Hammarlund s'associa avec un partenaire pour former la Hammarlund-Roberts Radio Kits. Les kits s'adressaient aux personnes souhaitant construire leur récepteur radio. Ils comprenaient les condensateurs, bobines et autres composants fabriqués par Hammarlund et étaient considérés par les amateurs comme des produits de haute qualité équivalents à une fabrication professionnelle. La commercialisation de kit s'arrêta en 1931.
En avril 1932, Hammarlund lança un récepteur superhétérodyne ondes courte couvrant de 1,200 kc à 20,000 kc en quatre gammes, le Comet-Pro. Il disposait de huit tubes et de deux bobines par bande. Produit innovant pour l'époque qui connu un succès mondial, il fut commercialisé à des milliers d'exemple dans le monde utilisé par les radios professionnels, les agences de presse, les stations de radiodiffusion et quelques radioamateurs "fortunés".
Hammarlund Comet-Pro
Hammarlund superpro vs racal ra 17l on cw beacon
La plupart des équipements radios fabriqués aux Etats-Unis durant la première moitié de la seconde guerre mondiale intégraient des condensateurs variables produits par Hammarlund, temps nécessaire pour aux autres fabricants d'acquérir le savoir faire pour les produire eux-mêmes. Au cours de cette période, les CV Hammarlund sortaient à une cadence d'un million d'unité par mois, produits par plusieurs entreprises américaines.
En décembre 1938, le HQ-120 apparu sur le marché. Ce récepteur était vraiment en avance pour son époque. Il couvrait une gamme de fréquence de 540 à 30.000 kc avec un étalement pour les bandes amateurs. Cette fonction de bande étalée et la lecture sur un cadran étalonné sur 300° était une première dans l'industrie radioélectrique. Autres innovation intégrées dans ce récepteur: un accord d'antenne sur la face avant ainsi que le réglage du BFO, sans oublié son célèbre oscillateur à quartz....Une version de ce récepteur sera construit pour l' US Navy sous la référence RBG
Après la guerre, le HQ-120 fut réintroduit sous l'appellation HQ-129 et vendu au prix de 129 US$ . Il ne resta pas cependant à ce prix très longtemps car la marque perdait de l'argent sur ce produit. Le HQ-129 était en fait un HQ-120 amélioré dans sa présentation mais avec un limiteur de bruit plus efficace. Ces deux versions étaient très novatrice pour l'époque et d'excellente qualité. Il en reste encore un grand nombre en service aujourd'hui.
Récepteur Hammarlund HQ-120
Le légendaire SP-600 fut introduit sur le marché en 1950. Vendu au prix de 1.000 US $ de l'époque, soit environ 6450 US $ ou 5.100 € en 2014 il était principalement destiné aux utilisations militaires et commerciales. La version standard couvrait une gamme de fréquence allant de 540 kc à 54.000 kc en six bandes et offrait la possibilité de sélectionner six fréquences par quartz en option. Une partie de la conception du SP-600 venait très certainement de l' Army Signal Corp qui en 1947 avait modifié des Super-Pro de la seconde guerre mondiale avec des oscillateurs à quartz à trois canaux. Quarante versions virent le jour dont la version VLF couvrant de 10 kc à 540 kc.
La plupart des versions utilisèrent un circuit superhétérodyne à double conversion de 20 tubes avec un cadran rotatif. Bien que disposant de deux cadrans il n'offrait pas l'étalement des bandes, le cadran de droite est une échelle permettant l'ajustement précis de la fréquence.La qualité sonore de ce récepteur était exceptionnelle pour un récepteur de ce type. Il fut produit à plusieurs milliers d'exemplaire dans les années 1950 et une petite production perdura pendant quelques années..
Récepteur Hammarlund SP-600
Le HQ-140 puis le HQ-150 lui succédèrent. Ils conservèrent la conception de base du SP-600 avec des améliorations et légère modification du design de l'appareil. Le HQ-160 innova avec sa double conversion de fréquence (3.035 kHz et 455 kHz) et un détecteur de produit séparé CW/SSB. La fréquence FI de 3.035 kHz améliorera très nettement ses qualités de réception par rapport aux récepteurs de son époque. Un Q-multiplicateur apparaîtra sur les HQ-150 et HQ-160 améliorant de facto la sélectivité avec un réglage en façade au-dessus des cadrans.En 1956, Hammarlund mit sur le marché le HQ-100, récepteur à couverture générale avec étalement des bandes radioamateurs à un prix plus abordable pour l'amateur. Un HQ-110 fut également commercialisé, récepteur identique mais couvrant uniquement les bandes amateurs du 160 mètres au 10 mètres. Un autre modèle vit le jour, le HQ-145. C'était en fait une mise à niveau des modèles HQ-120/129/140/150 avec une double conversion au-dessus de 7 MHz mais qui conservera toutes les fonctions qui ont fait la réputation de la marque.Néanmoins, ce dernier connut un modeste succès, car la préférence des radioamateurs et des écouteurs allait au HQ-120 et 129.
Le premier modèle de la marque construit avec un circuit imprimé fut le PRO-310 en 1955. Il couvrait de 550 kHz à 35,5 MHz et bénéficiait d'une double conversion. Sa durée de vie courte et seulement un millier d'exemplaires sortiront de l'usine, la production s'arrêtant en juillet 1956.
En 1959, les récepteurs HQ-170 et HQ-180, récepteurs beaucoup plus sophistiqués que les précédents Le 180 avait une couverture générale et le 170 couvrait uniquement les bandes amateurs.Plusieurs années après la sortie de ces deux récepteurs, Hammarlund mit sur le marché un module destiné à être utilisé avec les anciens modèles pour permettre la réception des émissions en SSB.
Récepteur Hammarlund HQ-180
Dans les années 1960, Hammarlund sortit un récepteur VHF pour aviation civile américaine couvrant de 108 à 132 MHz. Cette année fut également marquée par la sortie du HX-500 un émetteur BLU, CW et FSK mais celui-ci ne connu pas un grand succès, peut-être en raison d'une conception très sophistiquée mais certainement en raison de son prix très élevé. En 1962 le HX-50, un émetteur également fut mis sur le marché. Il présentait un couplage passe-bande des étages d'amplification simplifiant ainsi la mise au point et les changements de bande. Sur option, un module, monté en usine, pour le 160 mètres était disponible.
En 1964, la firme proposa un amplificateur linéaire délivrant 1.500 watts avec une alimentation incorporée pour les bandes amateur du 80 au 10 mètres. Il était le complément du HX-50 et avait le même design. Par ailleurs, il était compatible avec la plupart des équipements amateurs disponible sur le marché de l' époque.
Le premier, et l'unique, récepteur Hammarlund fut mis en production en 1967. Il avait été conçu dès 1960 par Lester Earnshow et portait la référence HQ-215. Il était compatible avec la ligne Collins et pouvait ainsi fonctionner comme émetteur-récepteur. Sa production fut cependant limitée.
Récepteur Hammarlund HQ-215
Au cours de ces années 1960, Hammarlund diversifia sa production en proposant une gamme de matériel de radio-communication bidirectionnelle sous le nom d'Ouercom. Le premier modèle fut le FM-50, un émetteur-récepteur portatif travaillant dans la gamme 150 - 170 MHz. Sa puissance était de 35 watts et il était piloté par quartz.Un autre modèle sortit sous l'appellation FM-60 qui lui travaillait dans la gamme 25 - 54 MHz. Toujours piloté par quartz sa puissance était de 50 watts. Un ampli linéaire délivrant 100 watts fut également commercialisé il venait en complément du FM-50 pour une utilisation en station fixe. Cet émetteur-récepteur portable a fait l'objet d'une version spéciale destinée aux gardes-côtes américains. Désigné sous la référence AN/URC 45 il disposait de six canaux et d'un second récepteur en veille permanente sur le canal d'urgence.
Pendant la guerre du Vietnam, Hammarlund construisit un grand nombre de radio VHF FM dans le cadre de l'opération "Radio Village". Cette dernière avait pour objectif d'obtenir des informations sur les déplacements des forces vietcongs par le biais d'émetteurs-récepteurs distribués dans les villages. L'opération était menée par la CIA sous couvert du Bureau de la Sécurité Publique, structure administrative vietnamienne.
Hammarlund se porta également sur le marche de la Citizen Band.au début des années 1960 et fut le premier constructeur à proposer un émetteur-récepteur synthétisé disposant de 23 cannaux. Celui-ci connu un grand succès et fut également produit sous licence pour Lafayette, Allied Radio et Radio Shack.
Hammarlund CB-23 |
Oscar Hammarlund gérait son affaire en bon père de famille. Il venait souvent dans les ateliers, saluant les ouvriers et techniciens un à un. Il connaissait le nom de chaque salarié. A sa mort en 1945, son fils Lloyd prit le relais et la firme continua de prospérer. A la fin des années 1950, la société fut vendue à Telechrome qui la revendit quelques années plus tard à Giannini Scientific. A la fin des années 1960, elle fut de nouveau cédée à Electronic Assistance Corporation. En 1972 la production s'arrêta, la totalité du stock fut vendu à Cardwell Capacitor Corporation. Un grand nom de la radio disparaissait mais un bon nombre d'équipements Hammarlund encore en service démontre s'il était une fois de plus la qualité de cette production.
Une chose encore, le logo de la marque. Vous avez très certainement remarqué que le symbole figurant en son centre est la représentation schématique du condensateur variable, sans doute en souvenir que ce fut la première production électronique de la firme.
La réalisation de cet article a été effectuée en consultant de nombreux sites internet américains spécialisés dans l'histoire de la radio et du matériel ancien. J'espère que cette évocation vous a intéressé et vous remercie de votre visite.
A bientôt.
73
Richard
Quel boulot très instructif pratique les liens vidéo dans les années cité je n'étais pas né et après en culotte courte
RépondreSupprimerSWL Alain 09
Très bon document.
RépondreSupprimerMerci beaucoup.
Meilleurs 73's.
F8DZP.
Alex.