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jeudi 3 avril 2014

59 et 73 , le QSO type?

Lorsque j'allume la station, je fais "le tour " de la bande. Un bon radioamateur se doit d'abord d'être un bon écouteur. Et ce que j'entends, de plus en plus, m'inquiète sur l'évolution de notre passe-temps. Je suis bien conscient qu'à l'époque actuelle, la vie n'est que compétition. Cela commence à l'école, se poursuit dans la vie professionnelle et même dans la vie de tous les jours. Etre le meilleur et le plus rapidement possible. Le radio-amateurisme ne semble pas y échapper. Hélas!

Pour s'en rendre compte, il suffit d'écouter les bandes en fin de semaine. La présence de multiples concours ne permet plus la tenue d'une discussion. Les échanges se limitent à un "CQ test de F4CZV", puis après l'indicatif du correspondant d'un " 59 -73". Cela pendant des heures et des heures. De passe-temps, notre activité devient un sport, une compétition. Avoir le maximum de points, obtenir le maximum de diplômes, contacter le maximum d'entités DXCC. Tout cela pour avoir son indicatif cité dans un article publié dans une revue ou sur un site internet, un "diplôme" ou une plaque.

Alors que la technique permet de correspondre plus aisément, le dialogue se restreint au strict minimum. Alors vous me direz, il y a les bandes WARC. Bien sur, mais celles-ci sont maintenant aussi utilisées lors de certains concours, comme le CQ Marathon, concours initié par CQ magazine, couvrant toutes les bandes du 1er janvier au 31 décembre.....

Et le " 59 / 73 " se retrouve également lors de DX rares. Déjà il faut passer à travers le "pile-up" - je dirai le chaos - et si vous y réussissez, vous entendez ou plus souvent vous devinez " 59 / 73 ". Là encore, c'est la compétition. Compétition pour avoir dans son carnet d'écoute cette contrée, compétition pour passer au-dessus des autres stations en utilisant des puissances délirantes et des antennes qui ne sont plus du domaine amateur (j'ai entendu une station utiliser 5 kW avec une 12 élément mono-bande sur un pylône de 35 mètres).  

Et cette compétition engendre un grand nombres d'incivilités. Qui n'a pas entendu lors d'un QSO un tune sur sa fréquence, un appel d'une autre station avant même que le correspondant ait terminé sa phrase, ou même un appel, sans parler des "gendarmes" qui interviennent  et quelques fois des noms d'oiseaux qui fusent..d'où la mise en place d'un "code de conduite DX".

Si nos contacts se généralisent sous cette forme, il est à craindre que le radio-amateurisme disparaisse. Cela me rappelle le premier train électrique que j'ai eu à un Noël. J'étais très excité et très enthousiaste à construire le circuit, le faire rouler. Mais au bout de quelques temps, je me suis lassé dans la mesure où je ne pouvais rien faire d'autre. Le but était atteint : le train roulait mais je n'étais plus acteur, mais spectateur. C'est la même chose avec cette compétition qui s'installe chez les radioamateurs. 

Je crains que notre passe-temps ne soit plus ce qu'il devrait être, à savoir : un service de radiocommunication ayant pour objet l'instruction individuelle, l'intercommunication et les études techniques, effectué par des amateurs, c'est à dire des personnes dûment autorisées, s'intéressant à la technique de la radioélectricité, à titre uniquement personnel et sans intérêt pécuniaire.

Le radio-amateurisme c'est un peu l'auberge espagnole. Nous y trouvons ce que nous y amenons. Chacun peut y trouver son compte à la condition que notre activité reste un passe-temps et ne devienne pas une compétition permanente. Retrouvons l'art de la conversation, retrouvons le plaisir de lancer un appel et de découvrir qui va nous répondre. 

Bon trafic. 
73




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