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La débâcle de 1940 a mis en évidence les difficultés de notre armée dans de nombreux domaines dont celui des transmissions. Insuffisance de matériel, chaîne de commandement non adaptée sont certainement à l’origine du décret donnant naissance en date du 1er juin 1942 à l’arme des transmissions au sein de l’armée d’armistice, soustrayant celle-ci à la tutelle du génie. Moins de six mois après cette création, le débarquement allié en Afrique du nord entraîna l’invasion de la zone libre par l’armée allemande et la fin de l’armée d’armistice.
Néanmoins, le général Merlin prend en main, depuis Alger, le devenir de l’arme. Les transmetteurs seront des campagnes de Tunisie, d’Italie, de France et d’Allemagne. Les besoins en hommes pour combattre sont importants. Le général a alors l’idée d’ouvrir aux femmes l’accès des postes de standardistes, d’opérateurs télégraphiques et d’exploitants radio. Mais il lui faudra d’abord livrer bataille au sein même de l’armée et de l’état-major pour voir la concrétisation de son projet.
Le Corps Féminin des Transmissions (CFT) a vu le jour en Afrique du nord à la fin de l’année 1942. C’est en effet après l’accord de l’Etat-major des armées (Général d’armée Giraud) donné le 22 novembre qu’une circulaire datée du 18 décembre 1942 viendra officialiser la création et le
fonctionnement du CFT.
Une campagne de recrutement est alors lancée en Afrique du nord par le biais d’affiches incitant les femmes à rejoindre le CFT. Il est ouvert aux Françaises âgées de 18 à 40 ans . L’engagement est de un an minimum et pour la durée des hostilités au plus. Ces dernières doivent fournir trois documents : un certificat médical d’aptitude, un extrait de casier judiciaire et un certificat de bonne vie et mœurs. L’effectif initial sera de 1.275 personnes.
Tout est à créer, car en cette période il n’y a plus d’organisation administrative. Le général Merlin va s’entourer de trois adjoints : le lieutenant-colonel Brygoo, le Capitaine Cot et Madame Trabut[ qui aura en charge le service social. Les jeunes femmes retenues, toutes d’un haut niveau moral et intellectuel suivront une formation allant de 6 à 17 mois selon leurs spécialités.
Une première orientation sera effectuée en fonction des souhaits des volontaires selon qu’elles souhaitent servir aux armées ou rester sur le sol Africain. Leur formation se déroulera à Rabat, Alger, Maison Carré, Constantine et Tunis. Un camp militaire à Hydra, près d’Alger, accueillera celles désireuses d’aller en campagne.
La formation comportait une instruction militaire mais aussi un service d’assistance sociale. La durée était fonction de la spécialité choisie : standardiste, opérateur radio, télégraphiste, télétypiste, opérateur radio goniométrie. Au terme de leur formation, elles rejoignaient leurs affectations.
Le parcours de chacune d’entre elles est atypique. Le plus gros des effectifs venait de volontaires
provenant d’Afrique du nord complété par des métropolitaines bloquées en Afrique du nord par le
conflit sans oublier quelques éléments du corps des volontaires mis en place à Londres.
Celles qui ont choisi la sédentarité se verront affectées dans les centraux téléphoniques ou les postes radio En Algérie, au Maroc, en Tunisie ou en Corse. Pour celles qui avaient opté pour la vie en campagne, elles partiront en Tunisie. Après la libération de Bizerte (15/03/1943) et de Tunis (18/03/1943) cinquante-quatre d’entre elles rejoindront les villes de Kef, Souk el Araba, Teboursouk, Ebba Ksour, Tebessa, Aïn el Baida et le PC du 19eme corps d’armées.
D'autres rejoindront en décembre 1943 le corps expéditionnaire du Général Juin en Italie au sein de la compagnie d’exploitation 807/1, de la compagnie d’écoute 808 et du détachement 805 du Général Commandant en Chef. Celles qui avait été versées dans l’Armée B (la future 1ère Armée surnommée
Rhin et Danube) poseront le pied sur le sol français, avec la force Garbo de la 7eme armée américaine dont l’Armée B était une composante, le 16 août 1944.
La période de formation permit la détection des futurs cadres du C.F.T. mais aussi la sélection d’une trentaine de volontaires au profit du Bureau Central de Renseignements et d’Action (B.C.R.A.) qui suivront un entrainement pour être parachutées en France dans le cadre de missions spéciales. Onze d’entre elles seront envoyées en France, cinq n’en reviendront pas faisant preuve du même sacrifice de leur vie que les hommes. Toutes arrêtées par les allemands, la première sera exécutée d’une balle dans la nuque le 6 septembre 1944 près de l’ Isle-sur-Doubs. Les quatre autres seront déportées et exécutées au camp de concentration de Ravensbrouck, soit pendues ou abattues d’une balle dans la tête.
Aucune n’a servi dans une unité combattant en première ligne, mais elles ont connu le même feu et les mêmes dangers que les hommes, affrontant les mêmes images de violence des combats ou de l’épuration. Celles qui avaient choisi la résistance ont affronté les mêmes peurs, les mêmes dangers que les résistants.
Pendant la libération de la France elles auront parfois un accueil mitigé de la population, certaines en viendront à regretter l’accueil qui leur a été fait lors de la campagne d’Italie. L’accueil de la population française n’est effectivement pas la hauteur du sacrifice et de l’engagement de ces femmes
engagées dans des unités militaires et qui ont œuvré à la libération de notre pays. Après l'armistice, les unités de transmissions du C.F.T. s'arrêtent définitivement à Insbrück le 9 juillet 1945.
Le Maréchal de Lattre de Tassigny leur rendra hommage avec ses mots : "Les volontaires féminines de la Première Armée, quelle que fût leur tâche, obscure ou exaltante, ont fait preuve d'un dévouement souriant, d'un zèle sans défaillance, certaines d'un héroïsme magnifique. Elles peuvent être fières de la part qu'elles ont prise à notre victoire. Que demain sous l'uniforme encore ou de retour dans leurs foyers elles restent intimement fidèles à l'esprit de l'armée "Rhin et Danube". Ainsi continueront-elles à bien servir la France".
Ces quelques lignes pour rendre hommage à ces « Merlinettes », dont le surnom vient de l’homme qui créa le Corps Féminin des Transmissions (CFT), le général Merlin, et pour ne pas oublier ses femmes et ses hommes morts pour la France et pour notre liberté.
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