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mardi 12 mai 2015

Approche historique de la radiodiffusion en Nouvelle Calédonie

Histoire et géographie de la Nouvelle Calédonie

Située dans la mer de Corail, la Nouvelle-Calédonie est un ensemble d’îles et d’archipels mélanésiens. Ses voisins les plus proches sont le Vanuatu à 600 km au nord-est, la Nouvelle Zélande à 1500 km au sud-ouest et l’Australie à 1200 km à l’Ouest. Géographiquement, elle se divise en trois parties principales : la Grande Terre et son archipel, les îles Loyauté et un vaste réseau d’îlots et de récifs inhabités, l’ensemble représentant 18.564 km². Le point culminant est le mont Panié, haut de 1.629 mètres, situé dans la Chaîne Centrale, véritable épine dorsale de la Grande Terre. Cette dernière, longue de 400 km et large de 50 à 70 km représente 88 % de l’ensemble du territoire calédonien. 

Source : Wikipédia
Peuplée de 268.767 habitants (2014) la Nouvelle Calédonie est une Collectivité française sui generis dont le chef-lieu est Nouméa. Le français est la langue officielle bien que 28 langues vernaculaires kanakes et de nombreuses langues sont parlées par les minorités ethniques (wallisien, futurien, javanais, tahitien, vietnamien). 

Les premiers habitants de la Nouvelle Calédonie seraient apparus il y a environ 3.000 ans, comme l’attestent des fragments de poterie Lapita retrouvés à Koné sur la côte ouest de Grande Terre. Lors de sa découverte le 4 septembre 1774 par le navigateur et cartographe anglais James Cook, l’archipel était alors habité par une population mélanésienne, les Canaques. Il baptisa sa découverte de New Caledonia du nom  d’une province d’Angleterre (Caledonia étant le nom latin de l’Ecosse) comme il l’avait fait auparavant pour l’archipel des New  Hébrides (Nouvelles Hébrides aujourd’hui Vanuatu). Le premier français qui aborda les côtes calédoniennes fut Jean-François de Galaup avec les frégates Astrolabe et Boussole en 1788.

Pendant près d‘un demi siècle peu de français vinrent s’établir sur l’île. Ce n’est qu’à partir de 1840 que les européens manifestèrent un intérêt pour les ressources minières et arboricole de cette terre du Pacifique (nickel et bois de Santal). Les années 1850 virent l’arrivé de missionnaires chrétiens qui luttèrent contre le cannibalisme, coutume ancestrale du peuple canaque. 

Source : Philatélie marine
Napoléon III chargea l’amiral Febvrier Despointes de prendre possession de la Nouvelle Calédonie qui devint le 24 septembre 1853 une terre française du Pacifique et de l’Empire français. Le 25 juin suivant la ville de Nouméa devint la capital de l’île. Dans la seconde moitié du 19e siècle, un bagne fut créé dans lequel furent emprisonnés de nombreux prisonniers de droit commun mais aussi politiques, en particulier des anciens communards.


Les débuts de la TSF

C’est en 1920 que la TSF arrive en Nouvelle Calédonie avec la mise en place d’un équipement dans le sémaphore  de Nouméa situé au somment de la colline surplombant la ville. La station maritime se vit attribué alors l’indicatif FQN. L’émetteur à étincelles initial fut remplacé en 1924 par du matériel à tubes électroniques et l’indicatif devint HZG.

Huit ans plus tard le matériel fut modernisé et monta en puissance. La station bénéficia d’un nouvel indicatif avec les lettres suivantes FJP. Elle fut entendue aux Etats-Unis d’Amériques en 1936 sur les fréquences de 6.000 kHz et 7.100 kHz.

En juillet 1934, Charles Graveau, qui exerçait alors la profession de photographe et d’électricien, entreprit des démarches pour obtenir une station radioamateur. L’année suivante il commença à émettre, avec l'indicatif F7CGV puis FK8CGV, en utilisant un émetteur construit par lui-même délivrant une dizaine de watts en sortie. Au début de 1937, FK8AA lui est attribué officiellement.. Il réussit à contacter plusieurs radioamateurs comme lui, malgré la faible puissance de son émetteur. Parfois, il diffusait de la musique sur les ondes à partir d’un gramophone et de quelques disques, la législation d’alors le lui permettant.

Le véritable objectif de Charles Graveau était de mettre en place une station de radiodiffusion. C’est ainsi qu’il commença à diffuser un programme régulier d’une heure à compter du 28 avril 1937 le mercredi et vendredi soir à partir de 17 heurs 30. L’émission était réalisée depuis le domicile familial, au 44 rue de l’Alma à Nouméa. La station s’identifiait sous le nom de Radio Nouméa avec comme indicatif FK8AA.


Source : Hamgallery
Radio Nouméa, malgré sa faible puissance d’émission fut entendue en janvier 1938 en Nouvelle Zélande comme l’indiqua la presse spécialisée de l’époque. Elle devint une station recherchée par les écouteurs de l’Australie, de Nouvelle-Zélande et des Etats-Unis d’Amérique. Initialement sa
fréquence d’émission variait entre  6.120 kHz et 6.122 kHz. En 1940, sa puissance augmenta légèrement et l’émission fut calée sur 6.130 kHz.



Chacune des deux émissions hebdomadaires se terminait par la diffusion de la Marseillaise. Dans le courant de l’année 1941, vinrent s’ajouter deux autres hymnes, le God Save the Queen et le Star Spangled  Banner. La marche « En passant par la lorraine» apparue quelques temps plus tard.
En 1942, l’administration française décida de lancer une station de radiodiffusion officielle sous le nom de Radio Pacifique Nouméa. Les premières émissions eurent lieu en fin d’année 1942.  Le magazine australien Radio & Hobbies relève pour la première fois cette nouvelle station en avril 1943 sur la fréquence de 6.155 kHz en mentionnant toujours l’indicatif FK8AA alors même que n’est plus qu’utilisé pour l’émission d’amateur par Charles Graveau. Il en sera de même jusqu’en  juillet 1946.


L’arrivée de l’US Army en 1942

Suite à la défaite de juin 1940. Le Conseil général de Nouméa décida de soutenir les Forces Françaises Libres, le Gouverneur pro Vichy fut alors obligé de quitter l’île et de fuir en Indochine. Avec l’appui de l’Australie, la Nouvelle Calédonie devint une importante base alliée dans le Pacifique. Les premiers navires américains arrivèrent le 12 mars 1942. L’île devint alors une des plus grandes bases américaines du Pacifique Sud. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, plus d’un millions de soldats américains y séjournèrent à divers titres.

L’armée américaine construisit des installations portuaires conséquentes dotées de 85 hangars métalliques offrant une capacité de stockage permettant le stockage des matériels et équipements nécessaire à leurs forces du Pacifique Sud. Deux hôpitaux, d’une capacité de 2.000 lits chacun, furent également édifiés, où seront soignés de nombreux blessés. Deux terrains d’aviation furent réalisés, l’un à  Tontouta, à environ 60 km au nord de Nouméa, l’autre à Nouméa dans la Baie de Magenta.
La première station américaine de communication fut installée à  Anse Vata à Nouméa et fut opérationnelle  le 15 mai 1942 sous l’indicatif WVJN. Elle écoulait le trafic des forces armées américaines avec le Quartier Général du Général Douglas Mac Athur situé à Brisbane en Australie (indicatif WTO) en graphie. 

Il apparaît, à la vue de rapports d’écoutes rédigés par des écouteurs australien et américain, au cours des années 1943 et 1944, que WVJN relayait de temps à autre des programmes diffusés aux Etats-Unis en ondes moyennes. Un de ces rapports établit qu’en date du 28 novembre 1943,  WVJN fut entendue faiblement sur la fréquence de 15.410 kHz relayant un programme de la NBC intitulé « Army Hour ». Des retransmissions similaires furent également signalées sur les fréquences de 15.490 kHz et 17785 kHz.

Source : On  the Shortwavecs
La première station de radiodiffusion en Nouvelle Calédonie destinée aux personnels militaires fut installée dans le bâtiment de la Croix Rouge à Nouméa et commença à diffuser ses programmes le 5 septembre 1943. L’émetteur de faible puissance  en ondes moyennes et le matériel nécessaire fut acheté en Australie.

L’équipement de cette petite station fut repris par la suite par l’armée américaine et une station américaine officielle lui succéda en janvier 1944 sur la même fréquence de 965 kHz. Initialement baptisée All Services Radio, ASR, elle prit par la suite le nom d’American Expeditionary Station, ASR, même si quelque fois elle fut aussi appelée Allied Expeditionary Station.

Lorsque les préfixes WV et WX  furent alloués aux stations de radiodiffusion des forces armées américaines, la station de Nouméa se vit attribuer l’indicatif WVUS. A la même période, l’ensemble des stations de radiodiffusion de l’Armée américaine fut regroupé sous une même appellation, à savoir  AFRS Armed Forces radio Service.

A cette époque, trois stations AFRS travaillaient dans la zone du Pacifique Sud ; les deux premières étaient situées dans les Iles Salomon, la première à Guadalcanal et la seconde à Bougainville, la troisième étant WVUS de Nouméa. Une quatrième station vit par la suite le jour dans les Nouvelles Hébrides (Vanuatu aujourd’hui) à Espirito Santo. 

WVUS de Nouméa, avec son émetteur de 1 kW sur la fréquence de 975 kHz, et avec ses équipements d’alors, étaient la station la plus connue de celles travaillant dans cette zone qui formaient le réseau « Moustique » (Mosquito Network). Chaque station produisait ses programmes localement ou retransmettait en ondes moyennes des émissions reçus en ondes courtes. En novembre 1944, un programme réalisé par WVUS Nouméa fut retransmit en direct par les autres stations du réseau « Moustique » : WVUQ de Guadalcanal, WVUR Espirito Santo et ZM Auckland en Nouvelle Zélande.

La station WVUS du bâtiment de la Croix Rouge de Nouméa fut fermée en novembre 1945, l’émetteur fut transféré sur l’île de Guadalcanal, reconditionné et installé dans les murs de WVUQ. 
Toujours en novembre 1945, une nouvelle station WVUS fut inaugurée à Tontouta, le terrain d’aviation situé à 65 km de Nouméa. Opérée sous le contrôle de l’Armée de l’air américaine (USAF) elle bénéficiait d’une puissance de 1 kW et travaillait sur 975 kHz, comme l’ancienne, mais elle quittera le réseau « Moustique » peu de temps après son lancement. Officiellement WVUS cessa ses émissions dans la nuit du samedi 15 juin 1946. Cependant, elle fut entendue dans de bonnes conditions après cette date en Australie et en  Nouvelle Zélande selon un hebdomadaire australien spécialisé dans la radiodiffusion daté de novembre 1946.

Signalons également la présence d’une station opérée depuis le sol calédonien par la « National Broadcasting  Service of New Zealand » d’avril 1943 à août 1944. Celle-ci  produisait un programme intitulé «  the Kiwi Hour »  qui était diffusé par Radio Nouméa. Un autre programme était produit sur place sous le nom de « With the Boys Overseas ». Deux fois par semaine les enregistrements étaient envoyés par avion en Nouvelle Zélande pour être diffusés sur le réseau en ondes moyennes de NZNBS. Lors de ‘arret de la station, son équipement fut donné à Radio Nouméa.

L’après guerre

A la fin de la guerre, Radio Pacifique Nouméa émet en ondes courtes sur 6.000 kHz avec une puissance de 5 kW et en ondes moyennes sur 700 kHz avec 300 watts. Elle prend alors le nom de la « Voix de la France dans le Pacifique ».


 

                                                                                         Source : K6EID 

En 1953, deux nouveaux émetteurs sont mis en service par a station.  Le premier, de fabrication française, délivre une puissance de 1 kW et émet sur 6.035 kHz avec une antenne doublet. Le second, d’une puissance de 5 kW, qui était utilisé précédemment en ondes moyennes sur 1.500 kHz, a été réactivé pour transmettre dans la bande tropicale sur la fréquence de 3.375 kHz avec une antenne verticale. En 1954 elle participe à la création de la Radiodiffusion de la France Outre Mer (RFOM) puis l’année suivante, de la Société de Radiodiffusion de la France d’outre-mer (SORAFROM)  et reprend le nom de Radio Nouméa.

En 1959, elle passe sous le giron de la Radio Télévision française (RTF). L’année suivante,  Radio Nouméa met en place un service extérieur en ondes courtes vers les Nouvelles Hébrides en français et vers Wallis et Futuna en français et en Wallisien. Se service  restera en ondes durant une dizaine d’années. En 1964, la station appartiendra à l’ORTF.



En 1968, la construction d’un nouvel ensemble immobilier abritant les services la radio et la télévision de Nouvelle Calédonie est lancée sur un terrain situé Rue Guynemer à Nouméa. Dans le même temps, les travaux pour l’implantation du site émetteur sont entrepris sur l’île de Sainte Marie, face à Nouméa.

En 1970, Radio Nouméa utilise les fréquences de 1.420 kHz et de 666 kHz avec une puissance de 4 kW. Les trois émetteurs ondes courtes quant à eux délivrent une puissance de 20 kW. Ils seront en service jusqu’en 1994, année où la FM couvrira l’ensemble du territoire caldoche. Lors de l’éclatement de l’ORTF en 1974, Radio Nouméa est intégrée à la société nationale de programmes France-Région 3 (FR3) au sein de la délégation nationale FR3 DOM-TOM. Elle devient alors FR3 Nouvelle-Calédonie le 6 janvier 1975.

    

                                                               Source : On the Shortwaves
De 1980 à 2010

A partir des années 1980, FR3 Nouvelle-Calédonie développe un réseau de radiodiffusion en FM. Si cette évolution entraine la fermeture des émetteurs en ondes courtes, la station conserve ceux travaillant dans les ondes moyennes. Il faut noter que l’environnement du site d’émission de l’émetteur de 20 kW émettant sur la fréquence de 666 kHz permet de couvrir une zone géographique couvrant tout le Pacifique sud.

 

Le 31 décembre 1982, FR3 Nouvelle-Calédonie devient RFO Nouvelle-Calédonie à la suite de la création de la société nationale de programmes RFO (Radiotélévision française d’Outre-mer) par transfert des activités de FR3 pour l’outre-mer. Pendant les quatre années qui suivront, la station va progressivement se doter d’équipements techniques de qualité et produira et diffusera de plus en plus d’émissions régionales.


RFO Nouvelle-Calédonie émettra à partir de 1985 sur la fréquence de 1.260 kHz, le site d’émission étant alors situé sur le mont  Aounpinie, au centre de la Grande Terre. Le site abrite également des relais pour la FM. 
Le 1er février 1999, RFO Nouvelle-Calédonie devient Radio Nouvelle –Calédonie à la suite de la transformation de RFO  en Réseau France Outre-mer.  Cinq années plus tard, la loi de réforme de l’audiovisuel du 9 juillet 2004 intègre la société de programme RFO  au groupe audiovisuel public France Télévision. Qui devient un acteur de la radio publique en France. 
En septembre 2005 Radio Nouméa sera captée par des SWL américains sur la fréquence de 729 kHz utilisé par un émetteur de 5 kW situé à Touho sur la côte est.

La TNT arrivant en outre-mer en 2010, le  Réseau France Outre-mer est rebaptisé Réseau Outre-mer 1er, Radio Nouvelle-Calédonie devient alors Nouvelle-Calédonie  1ere.

De nos jours

Nouvelle-Calédonie 1ere est diffusée en ondes moyennes sur 666 kHz et 729 kHz en AM. En FM le réseau couvre l’ensemble du territoire caldoche. : Bourail 91.0 MHz, Kone 90.0 MHz, Koumac 91.0 MHz, Mare 88.5 MHz, Nouméa 89.0 et 90.0 MHz, Thio 91.0 MHz, Youho 88.0 MHz, Yaté 90.0 et 91.0 MHz. 


D’autres stations FM sont également présentes : Radio Rythme Bleu, Radio Dynamik Sud, Radio Baie des Tortue, Radio Djido, Fréquence Nord FM, Radio Hmelöm, France Inter, NRJ Nouvelle-Calédonie, Océane FM. Parmi celles-ci, seules Radio Rythme Bleu et Radio Djido possèdent une couverture identique à celle de Nouvelle-Calédonie 1ere.

Voilà qui termine notre visite en Nouvelle-Calédonie. Je vous remercie de vous être joint à ce voyage. A bientôt pour découvrir d'autres horizons.




Richard
F4CZV
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1 commentaire:

  1. Bonsoir,

    Merci de me replonger dans mes souvenirs ou j'ai pris RFO Nouvelle Calédonie c'était le 4.1.1987 à 8H50 UTC sur 7170 Khz naturellement une réception très difficile DX extrême mais la QSL est arrivée 2 mois après. C'est dommage que ces stations (RFO Tahiti, RFO Guyane ont toutes disparues.

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